26 août, Dej : décor d’un monde disparu

Il y avait avant-guerre à Dej quatorze synagogues, fréquentées par quelques 5.000 Juifs représentant plus du quart de la population de la ville. Seule la grande synagogue, imposante, est toujours debout. Elle est désaffectée et nombre de ses vitraux sont cassés. Située directement dans le hall d’entrée, une petite salle de prières sert encore occasionnellement. A l’intérieur, des photos et des documents qui racontent les déportations de l’été 1944 ont été punaisées sur des panneaux de bois.

 

Janos Farkas, président de la communauté juive de Dej,  garde les clefs de la synagogue. Lorsqu’on veut la visiter, il en ouvre les porte bloquées par une grille scellée d’un cadenas. C’est une part essentielle de son activité. L’autre partie consiste à accompagner dans les services de l’état civil les visiteurs à la recherche de documents sur leur famille disparue. Outre le roumain et le hongrois, il parle allemand et yiddish et possède quelques rudiments de français.

 

Du temps de sa splendeur, la grande synagogue de Dej pouvait accueillir jusqu’à 900 fidèles.

 

 

 

 

Janos Frakas, 87 ans, est le président d’une communauté réduite aujourd’hui à une quinzaine de membres. Mais lorsqu’il traverse la ville, tout le monde le salue avec respect et chaleur.

 

Situé en surplomb de la ville, le cimetière juif témoigne de la vigueur ancienne de la communauté juive de Dej. Un nombre incalculable de pierres tombales s’y dressent ou gisent dans l’herbe.

Venus du monde entier, des descendants de la communauté disparue viennent chercher ici la trace des leurs. Parfois ils déposent une plaque qui rappelle la date d’un convoi vers les camps d’extermination.

 

Le cimetière n’est pas abandonné. Des numéros d’ordre portés à la craie sur les tombes témoignent d’un vraisemblable recensement. Mais je n’ai pas su qui l’avait entrepris et qui en centralisait les résultats.Un gardien qui habite une maison attenante assure l’entretien de base du cimetière. Il en soigne particulièrement la partie « moderne ».

 

Le président de la communauté a préparé sa tombe et prévoit les enterrement futurs. Il a entreposé dans la synagogue les simples cercueils -quatre planches de bois brut- dans lequel, selon le rite, doit être enseveli un juif 24 heures au plus tard après sa mort.

 

Face à la synagogue, sur une place qui constituait autrefois le centre du quartier où résidaient les rabbins les plus prestigieux, se dresse le monument à la mémoire des déportés. Il a été érigé juste après la guerre.

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