25 août, Dej : Jenö

Jenö et Frida, Dej 25 octobre 1930

J’avais croisé Jenö une première fois sur deux photos retrouvées dans les papiers paternels. L’une, représentant un jeune couple bourgeoisement mis, portait au verso la mention : Jenö et Frida, Dej, 25 octobre 1930. Le même couple figurait sur la seconde photographie, en habits de mariés. Signature et lieu identiques figuraient au verso mais, cette fois, avec la date du 20 avril 1934. Qui étaient-ils ?

Petite ville qui, avant guerre, comptait à peine plus de 16 000 habitants, Dej est située à quelque soixante kilomètres au nord de Cluj-Napoca (Kolosvar, en hongrois), capitale de la Transylvanie. Dej est également à une quinzaine de kilomètres de Dobrocina, le village où habitaient mes grands-parents et où est né mon père. Ce pouvait être l’indice que l’inconnu avait un lien avec ma famille. J’ai voulu en voir un second dans la ressemblance avec mon père que je croyais déceler dans les traits de Jenö. Mais je n’ai pas, alors, cherché à aller plus loin.

Jenö et Frida le jour de leur mariage à Dej, le 14 janvier 1932. Au verso de la photo figure la mention 20 avril 1934, date d’envoi de la photo.

Continuer la lecture de « 25 août, Dej : Jenö »

En guise de prologue

Hermann et Marcel Baruch (lieu et date inconnus)
J’avais déjà 15 ans lorsqu’au détour d’une photo traînant dans  un tiroir, j’appris par hasard que j’avais eu deux frères nés bien avant ma naissance, d’une mère qui n’était pas la mienne. Les deux enfants, Hermann et Marcel, nés respectivement en 1928 et 1931, avaient été déportés en 1944 de Transylvanie vers Auschwitz en compagnie de leur mère. Personne n’en revint.

Personne n’en parla guère non plus. Jusqu’à ce que je trouve cette photo et demandai quelques explications. Ma mère rosit en admettant qu’elle était au courant de l’épisode puis se détourna. Mon père fut aussi bref, mais il contint son émotion. Et moi je me le tins pour dit.

Cinquante ans plus tard, mes parents morts depuis bien longtemps, j’ai déterré cette vieille histoire qui, discrètement, sans m’empêcher de vivre, avait laissé sa trace. J’ai examiné les rares documents que mon père avait laissés, ai scruté et fait agrandir les photos trouvées ici ou là, suis parti en tâtonnant  à la recherche de témoins éventuels, en France, aux Etats-Unis, en Israël, en Allemagne, en Belgique, en Roumanie enfin.

C’est dans ce dernier pays que je suis revenu en cette fin d’été, à la recherche de documents susceptibles de répondre aux questions soulevées au cours d’une enquête qui touche maintenant à sa fin. Je recherche également d’éventuels témoins mais, compte tenu du temps écoulé, je suis nettement plus sceptique sur mes chances d’y parvenir.

C’est cette dernière étape roumaine qui fait le sujet de ce blog.

Georges Marion