En guise de prologue

Hermann et Marcel Baruch (lieu et date inconnus)
J’avais déjà 15 ans lorsqu’au détour d’une photo traînant dans  un tiroir, j’appris par hasard que j’avais eu deux frères nés bien avant ma naissance, d’une mère qui n’était pas la mienne. Les deux enfants, Hermann et Marcel, nés respectivement en 1928 et 1931, avaient été déportés en 1944 de Transylvanie vers Auschwitz en compagnie de leur mère. Personne n’en revint.

Personne n’en parla guère non plus. Jusqu’à ce que je trouve cette photo et demandai quelques explications. Ma mère rosit en admettant qu’elle était au courant de l’épisode puis se détourna. Mon père fut aussi bref, mais il contint son émotion. Et moi je me le tins pour dit.

Cinquante ans plus tard, mes parents morts depuis bien longtemps, j’ai déterré cette vieille histoire qui, discrètement, sans m’empêcher de vivre, avait laissé sa trace. J’ai examiné les rares documents que mon père avait laissés, ai scruté et fait agrandir les photos trouvées ici ou là, suis parti en tâtonnant  à la recherche de témoins éventuels, en France, aux Etats-Unis, en Israël, en Allemagne, en Belgique, en Roumanie enfin.

C’est dans ce dernier pays que je suis revenu en cette fin d’été, à la recherche de documents susceptibles de répondre aux questions soulevées au cours d’une enquête qui touche maintenant à sa fin. Je recherche également d’éventuels témoins mais, compte tenu du temps écoulé, je suis nettement plus sceptique sur mes chances d’y parvenir.

C’est cette dernière étape roumaine qui fait le sujet de ce blog.

Georges Marion

 

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